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Les origines du tissu wax : un tissu pas si africain que ça.

Non, non, non, le wax n’est pas un tissu originaire du continent africain comme beaucoup le pense, mais plutôt du continent européen et plus précisément de la Hollande. Alors quelles sont ses origines ? D’où vient exactement ce tissu ? Et pourquoi, nous l’associons toujours aux pays d’Afrique ? A travers cet article, je vous raconte l’histoire du wax.

De l'Indonésie à l'Afrique de l'Ouest

Au début du 19ème siècle, la Hollande déjà bien implantée sur l’île de Java élabore une stratégie industrielle et commerciale pour tirer profit du marché asiatique et pour cela ils reprennent les codes stylistiques et techniques du tissu Batik, tissu traditionnel javanais qui est travaillé de façon artisanale en dessinant à la main des motifs grâce à la technique de réserve à la cire chaude à l’aide d’un stylet en bambou. La Hollande réalise donc ses tissus de façon industrielle directement en Europe pour le marché asiatique utilisant la même technique à la cire : d’où son nom de wax. Malheureusement, cela ne séduit pas les Indonésiens qui préfèrent leurs tissus traditionnels et refusent le batik industriel qui lui est confectionné à l’aide de tampons à lamelles de cuivre et présente trop de défauts pour eux.

Lors de la révolte du peuple indonésien, les Hollandais recrutent alors des mercenaires des côtes de l’Afrique de l’Ouest (Gold Coast) où ils ont des comptoirs commerciaux. En rentrant, ces mercenaires rapportent avec eux des malles comprenant ce fameux tissu typique de l’Indonésie : le batik. C’est un succès total, que ce soit le peuple ou l’aristocratie, tout le monde se l’arrache. Paradoxalement, ce sont les effets veinés et l’ajustement imparfait des couleurs ajoutées aux tampons qui les ont séduits.

Et en 1893, les premières cargaisons sont envoyées dans le Golfe de Guinée et tout d’abord au Ghana avant d’envahir tous les pays de l’Afrique de l’Ouest.

L'Europe à l'origine du véritable wax

L’industrie textile néerlandaise est la première productrice historique de tissu wax et le reste encore aujourd’hui avec l’entreprise Vlisco qui est à ce jour la seule à maintenir son activité en Europe. D’autres pays européens se sont lancé dans la production du wax comme la Suisse (de 1928 à 1974) ou l’Angleterre dont la dernière usine a fermé définitivement en 2007.

Lors de l’indépendance des pays africains, certaines entreprises européennes se sont implanté dans ces pays comme au Ghana, Nigeria, Sénégal ou Côte d’Ivoire. Mais la concurrence des pays asiatiques sur le marché du textile a fait chuter la production dans ces pays. Il ne reste à ce jour, qu’une seule usine a confectionné du wax en Afrique : Uniwax qui est implanté en Côte d’Ivoire et appartient au groupe Vlisco.

Le wax : tissu africain

Comme ce tissu n’est pas lié à une population africaine particulière, tout le monde se l’approprie. Il devient un tissu panafricain. Dans les années 1960, le wax devient populaire grâce aux “Nanas Benz”. Ces revendeuses togolaises ont fait fortune en vendant ce tissu et ont fait des émules parmi leurs consœurs dans les pays limitrophes. Elles deviennent puissantes dans le choix des motifs qui sont commercialisés en Afrique. En effet, chaque imprimé représenté sur un pagne a une signification bien spécifique et porte un nom. Les « Nanas Benz » pèsent sur la commercialisation de tel ou tel motif.

Les « Nanas Benz » ont donc influencé la mode du wax dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. Tout le monde veut son pagne. Le wax hollandais restant un produit de luxe et n’est offert dans les familles les plus modestes que lors d’un mariage. La population se tourne donc vers le wax bon marché venant de Chine qui envahit les marchés africains.

L'influence du wax dans la mode

Depuis quelques années, on peut voir le wax faire irruption sur les podiums dans les fashions week où beaucoup de créateurs s’en sont inspirés. Mais également dans les enseignes de vêtement qui intègrent des motifs à l’imprimé africain dans leur collection. 

Aller plus loin :

Grosfilley Anne, Wax, 500 tissus, La Martinière, Paris, 2019, 383p.

Grosfilley Anne, Wax & Co : anthologie des tissus imprimés d’Afrique, La Martinière, Paris, 2017, 262p.

Seydou Keïta : Galeries nationales du Grand Palais, Paris 31 mars – 11 juillet 2016, RMN, Paris, 2016, 221p.

Legrand Catherine, Indigo, périple bleu d’une créatrice textile, La Martinière, Paris, 2012, 288p.

Gérimont Patricia, Teinturières à Bamako, quand la couleur sort de sa réserve, Ibis press, 2009, 222p.

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